Annonciation du Seigneur

Lundi, 8 Avril 2024

Dans un songe, je peux voir comment l’homme s’apprête à naître une seconde fois sous le souffle divin. Comme dans les premiers jours de la création, une lumière immense recouvre la terre que le Roi a choisie. C’est une simple maison de paille, de peu. Là, Gabriel avec force, pénètre, éclatant, offrant ses mots comme des joyaux. Il s’agenouille près de celle qu’il aime déjà comme une Reine, Marie de Nazareth.
Il avertit : “Le Fils de Dieu vient du ciel pour que le mariage avec l’humain lignage ait lieu et que l’homme retrouve la paix. Ne sois pas ébahie de ce qui arrive, car l’Esprit vient sur toi. Il te parera pour des noces secrètes, car il faut que tout soit celé et la force cachée. Le Père ne veut pas que le Fils soit connu aussitôt qu’il sera dans le monde. Mais tout cela tu le sauras pleinement quand tu l’auras conçu et revêtu de l’habit de chair grâce auquel il sera inconnu”.
Oui, répond Marie, dont les paroles pénètrent dans la clarté de l’ange, ami, je le veux bien, mais enseigne-moi la manière, car de l’homme je n’ai aucune connaissance.
Je le sais, dit à présent le messager dont la lumière redouble, mais écoute et vois. Celui qui va descendre en toi existait avant le monde. Regarde comme le soleil illumine et colore chaque chose sans faire de lésion. C’est ainsi que le Fils descendra en toi. De ta propre substance il sera couvert et parfait homme devenu. Mais en rien tu ne seras blessée. Comme le soleil tu recevras sa clarté, et vierge tu demeureras quand il entrera dans ton corps. Si tu n’avais eu cette pureté de fait, de propos et de vouloir, jamais le Fils n’aurait daigné descendre pour prendre nature d’homme. Marie, il n’y a pas d’autre lieu que le Fils aurait pu choisir. L’ère nouvelle approche et l’on dira de toi : “Voyez la Vierge pure qui enfanta un fils qui est appelé Dieu”.
“Ange, disent les lèvres de l’Ève nouvelle, personne ne parle ainsi de moi !”. Mais Gabriel tranche aussitôt : “Il en est bien ainsi, autrement le plan de Roi n’aurait pu s’accomplir. À présent il attend ta réponse, car il ne fera rien sans ton consentement. Adam aussi espère et tout l’humain lignage qui à mort est mis pour toujours. De ta réponse, Marie, dépend sa liberté”.
Alors la Vierge offre sa chair et dit : “Ange, à la volonté du Roi, je consens, puisqu’il désire tant s’humilier et vers moi se pencher. Ma chambre est tout apprêtée, toute nette et parée. De virginité, je possède les draps blancs pour qu’il puisse s’y coucher. Qu’il prenne aussi ma chair et mon sang pour se vêtir d’humanité. En toute heure, en tout temps, je suis prête à le servir, le nourrir et l’embrasser souvent pour qu’il ne pleure pas. Si je peux faire son plaisir, je le veux. C’est le message que tu porteras”. C’est ainsi que l’archange Gabriel retrouve le chemin des cieux, bien qu’auprès de Marie, il ne l’ait jamais quitté.
En cette heure, l’Esprit à travers Marie pénètre sans résistance, elle s’offre totalement. Elle apparaît comme un cristal, tout son corps transparent et diaphane resplendit. La lumière est en elle, le Roi, comme le soleil, s’est mis dans son ventre. C’est une chose splendide, si ardente que, même enclose, elle transparaît au-dehors et recouvre la femme d’un vêtement étincelant. À voir son corps comme une lanterne qui luit, je songe à la femme montée au ciel vêtue de soleil, la tête couronnée de douze étoiles et la lune sous les pieds. Et il me semble bien qu’en cet instant, Dieu petit soumet l’astre du soir, celui qui règle les mouvements et les choses cachées, pour le déposer sous les pieds de Marie.
Dans la chair de la Vierge, le soleil se couvre d’une toile de peau blanche et fine. Et je vois alors qu’il prend la forme d’un corps. Dans mon éblouissement, je ne peux pas tout percevoir, mais je sens qu’il devient enfant. Alors que sa voix commande aux anges de toujours servir sa mère, et à Gabriel de ne jamais s’éloigner d’elle.

Lecture d'un autre jour à partir du calendrier liturgique...